Le Tchad veut tourner la page d’une transition émaillée d’événements sanglants

Le scrutin présidentiel au Tchad doit mettre fin à une période de transition entamée après la mort subite de l’ancien président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles du Front pour l’alternance et la démocratie au Tchad (Fact), le 20 avril 2021. Depuis la vie politique dans le pays ne connait pas de pause.

Parce que la mort d’Idriss Déby Itno a été suivie par la prise du pouvoir par des généraux de l’armée qui ont choisi Mahamat Idriss Déby pour le placer à la tête de l’Etat.

Le fils Déby a été désigné au détriment du président de l’Assemblée nationale, le dauphin constitutionnel pour le fauteuil présidentiel, qui aurait été incapable d’assumer cette fonction, pour des raisons de santé. 

Malgré la vive tension, une période de transition de 18 mois est engagée. Mais la pression africaine et internationale pousse le régime militaire à engager des discussions avec les groupes rebelles à Doha, au Qatar, en mars 2022.  

Elles dureront cinq mois et seront paraphées par 43 partis politiques et groupes armés en dehors du Fact, qui a revendiqué la mort d’Idriss Déby.

Le dialogue politique à N’Djamena 

c’est ce dialogue qui va décider des résolutions et des recommandations qui ont été exécutées par le gouvernement formé à l’issue de ces consultations.

Ainsi, l‘ancien chef de l’opposition, Saleh Kebzabo, est désigné dans la foulée Premier ministre de la transition pendant 14 mois, jusqu’à l’organisation d’un référendum et l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Mais avant ce scrutin, la contestation des résultats du dialogue politique national par une frange de l’opposition, incarnée par Succès Masra et des organisations de la société civile comme Wakit Tama est réprimée dans le sang.

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Les organisateurs avancent le bilan d’au moins 300 morts, le pouvoir parle, lui, de 50 à 70 morts, lors des manifestations du 20 octobre 2022.

Succès Masra est contraint à l’exil. Deux ans plus tard, après des négociations, depuis Kinshasa, entre lui et Mahamat Idriss Déby, il est nommé Premier ministre avec la possibilité de se présenter à cette élection présidentielle. 

Une première en Afrique

C’est la première fois, en Afrique francophone, qu’un président sortant et son Premier ministre en fonction s’affrontent. Il y a donc deux têtes de l’exécutif qui, officiellement du moins, se font face et qui ont des parcours totalement différents.

Le président Mahamat Déby est issu de l’armée et a succédé à son père. Succès Masra est un responsable politique tchadien qui a fait une bonne partie de sa carrière à l’étranger. 

Certains affirmaient qu’il était fini, mais le discours qu’il tient et la foule que Succès Masra semble réunir depuis le début de la campagne pourraient faire penser que l’issue de ce scrutin serait moins certaine qu’annoncée.

Cela fait monter aussi la tension politique dans le pays. Il faut savoir que le Tchad accueille 1,5 million de réfugiés soudanais, dont 500.000 environ sont là depuis 20 ans. Des dizaines de milliers de réfugiés centrafricains aussi.  

L’enjeu principal est donc que l’un des deux principaux candidats, Mahamat Idriss Déby ou Succès Masra, soit élu sans contestation et qu’il n’y ait pas de débordements. 

Beaucoup de partisans du président sortant craignent que Succès Masra se précipite pour dire qu’il est élu dès le premier tour, ce qui pourrait déclencher une crise post-électorale.

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