Très souvent, le facteur humain ne prend pas beaucoup en compte le respect de la sécurité routière. Jeudi soir, un accident d’une rare violence a encore secoué le Sénégal (à Koungheul, ville située au centre-sud) avec un bilan faisant état de 14 morts et d’une cinquantaine de blessés. A l’origine, un éclatement des deux pneus dû à la surcharge selon les premiers éléments de l’enquête. Une occasion pour la rédaction d’interroger un formateur et consultant en sécurité routière.
Les Nouvelles d’Afrique.info : Bonjour M. Gueye
Moustapha Gueye: Bonjour
Lesnouvellesdafrique.info : pouvez vous revenir sur la notion de sécurité routière?
Moustapha Gueye : La sécurité routière est avant tout une science transversale et multisectorielle qui fait intervenir à la fois plusieurs secteurs de la vie et des acteurs de différents domaines pour un même objectif.
La sécurité routière c’est la sécurité des usagers à la mobilité mais aussi elle constitue un problème de santé publique car les accidents de la voie publique sont les plus populaires.
Cependant, il existe d’autres faits négatifs avec un impact considérable sur la santé des usagers.
Lesnouvellesdafrique.info : D’après vous, est ce que la récurrence des accidents peut s’expliquer par le non respect des codes ou est-ce simplement de la négligence ?
Moustapha Gueye : Effectivement le non respect du code de la route est souvent évoqué mais ce terme ne colle pas avec la réalité du Sénégal. Vous conviendriez avec moi qu’on ne peut pas respecter quelque chose qu’on ignore.
Au Sénégal, la majeure partie des conducteurs ne maitrise pas le code de la route. Nous devons plutôt parler d’ignorance du code de la route. Mais ceci n’est qu’une composante de multiples facteurs des accidents. Les causes sont multiples et diverses en fonction du type d’accident, de la catégorie d’usager concernée, du lieu où l’accident s’est produit, bref plusieurs paramètres sont à prendre en compte.
Lesnouvellesdafrique.info : selon vous, quelles mesures stratégiques doivent être mises en avant pour diminuer les risques d’accident ?
Moustapha Gueye : Dans un premier temps, les autorités doivent évaluer le système de gouvernance de la sécurité routière de ces dix dernières années car la gestion de la sécurité routière repose sur des programmes décennaux.
Ensuite il serait judicieux de faire des assises en y associant toutes les parties prenantes qui comme je vous l’ai dit sont multiples et diverses.
Lesnouvellesdafrique.info : et le respect du code de la route ?
Moustapha Gueye : Une loi à été votée en 2022 portant code de la route mais malheureusement elle n’est toujours pas en vigueur faute de décret d’application et cette loi renferme pas mal de réformes qui peuvent contribuer à améliorer le management de la sécurité routière dans notre pays.
Lesnouvellesdafrique.info : souvent des mesures fortes sont prises dans le feu de l’action lors de survenues d’accidents, qui à la longue ne suivent pas Quelle lecture en tirer?
Moustapha Gueye : Dès lors que les mesures sont prises dans le feu de l’action elles s’avèrent inefficaces et vouées à l’échec car la gestion de la sécurité routière obéit à des règles.
Les autorités doivent prendre le temps de bien étudier la situation mais aussi de faire des enquêtes post accident pour connaître les véritables causes des accidents. il faut éviter de se limiter au constat qui en réalité n’est qu’un état des lieux.
Lesnouvellesdafrique.info : Merci M Gueye
Moustapha Gueye : Merci à vous.