Elle continue de raviver des questionnements, l’affaire Nestlé. En effet, l’enquête de l’Ong suisse Public Eye en collaboration avec le Réseau international d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN) la semaine dernière a créé un tollé.
Elle a fait état d’inégalités de vente de produits infantiles chez des bébés. Du sucre ajouté existe dans ceux des pays à revenu faible et ceux de pays développés en seraient exempts.
Sur le site de public Eye, on peut lire à la Une : Sucre : « une enquête révèle que tous les bébés ne sont pas égaux pour Nestlé. »
L’ONG et le Réseau international d’action passent au crible 150 produits commercialisés par le géant agroalimentaire au Sénégal, au Nigeria, en Amérique latine.
Les céréales « cerelac » et lait « Nido » pour bébé contiennent: pour le Nigéria 6,8 g, le Sénégal 5,9g, destinés à des bébés de six mois.
Quelles conséquences sur la santé ?
Le diététicien Abdoulaye Ba alerte sur l’alimentation infantile sucré à partir de six mois.
Le sucre ajouté à 6 mois peut orienter le goût de l’enfant et l’amener à trop aimer les aliments sucrés avec beaucoup de conséquences sur sa santé dont l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer.
Ceci sans citer les complications liées à ces pathologies.
Pour lui, Il y’a lieu de noter que le sucre ajouté dans les farines et porté à une température élevée lors de la préparation culinaire conduit à un risque de cancer colorectal. ( Cancer du côlon)
L’association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) crie au scandale.
Cette structure chargée de la défense et de l’intérêt des consommateurs affirme avoir toujours dénoncé les deux poids, deux mesures pratiqués par certains fabricants de produits destinés a l’Afrique.
Il trouve que les pays africains sont d’égale dignité d’avec ceux européens et qu’il n’existe pas de consommateur de seconde zone.
Nestlé n’y est pas allé par quatre chemins.
Dans un communiqué rendu public lundi 22 avril 2024, le géant n’a pas nié la variation de la teneur en sucre des produits infantiles selon les pays, expliquant en revanche que cette situation n’a rien de discriminatoire, comme l’indique Public Eye.
Selon elle, ces différences s’expliquent par plusieurs facteurs comme les réglementations nationales et la disponibilité des ingrédients au niveau local qui conditionnent la mise sur le marché de plusieurs gammes de produits à faible teneur ou sans sucre ajouté.
Cela ne compromet pas la valeur nutritionnelle des produits pour les bébés ou les jeunes enfants. Elle ajoute détenir un portefeuille de marques de céréales avec options avec et sans sucre ajouté. Cela vaut également pour plusieurs de nos marchés en Asie, en Amérique latine et en Amérique du Nord où les choix de produits sans sucre ajouté sont aussi possible », détaille-t-elle.
Et si Public Eye estime que la compagnie ne respecte pas les recommandations nutritionnelles promues notamment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la première entreprise agroalimentaire rejette en bloc ces accusations et fait valoir la conformité de ses produits aux normes aussi bien locales que régionales.
Le président de l’Ascosen, Momar Ndao de renchérir que la structure ne tient pas compte des recommandations de l’OMS bannissant le sucre ajouté sur les produits destinés aux enfants de moins de trois ans.
D’après Momar Ndao, on crée une addiction du sucre pour les enfants très tôt en bas âge.
Les dégâts du sucre ajouté sur la santé infantile
Le nutritionniste Ba estime que le sucre ajouté entraîne de véritables problèmes sur la santé. Ce sucre accélère même le vieillissement.
Selon le diététicien la prévalence de maladies est souvent liée à l’alimentation.
La preuve, l’OMS estime que 80% des maladies au monde sont d’origine alimentaire.
Nous avons jugé nécessaire de faire un tour dans les pharmacies où sont généralement vendus les produits destinés à l’alimentation des nourrissons.
Dr Kandji, pharmacien nous précise l’existence de produits infantiles dont la vente relève exclusivement des officines. Ce sont les laits de premier et de second âge. Par contre, les laits de croissance d’un à trois ans peuvent se vendre et dans les supermarchés ou en pharmacie. D’où leur trouvaille dans les grandes surfaces.
Pour l’heure, le Dr Ba est d’avis que le problème reste communautaire. À l’en croire, la consommation du sucre fait partie de notre culture alimentaire ce qui fait que les industriels sont obligés de s’adapter pour satisfaire la clientèle.
Même si Nestlé ne mettait pas à la disposition des populations des produits avec du sucre ajouté, ces populations dans leur majorité auraient ajouté du sucre et même beaucoup plus.
Des mesures n’ont pas encore été prises quant au retrait ou non des produits Nestlé, objet de polémique.
Affaire à suivre…
Ndeye Aissatou Diouf