L’Afrique de l’Ouest est le théâtre, ces dernières années, de coups d’État militaires ou encore de violations de la limitation des mandats présidentiels.
Cette situation impacte négativement l’action de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci est de plus en plus critiquée pour son inaction vis-à-vis des régimes militaires. Ainsi, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer des réformes au sein de l’institution qui a été longtemps considérée comme l’une des organisations régionales les plus développées institutionnellement en Afrique. Mais c’était avant les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée.
Depuis, l’organisation semble manquer d’autorité, de légitimité et d’outils d’intervention efficaces. Les problèmes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest sont devenus clairement visibles lorsque le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait sans délai de l’organisation régionale.
Auparavant, la Cédéao a été accusée de laxisme vis-à-vis du Togo où en 2020, lors de l’élection présidentielle, Faure Gnassingbé a remporté le scrutin pour la quatrième fois… Ou encore au Bénin, où l’opposition avait boycotté les législatives de 2019 et dont certains sont toujours en prison.
Fermeté à double tranchant
En revanche, au Mali, au Niger ou encore en Guinée, l’institution régionale s’est montrée beaucoup plus ferme. Une intransigeance qui s’est souvent traduite par des sanctions visant directement des autorités militaires au pouvoir, mais impactant négativement l’économie et la survie des populations.
Mais face aux régimes putschistes, la Cédéao devrait changer de méthode. Car il ne s’agit plus de condamner seulement. Il faut non seulement condamner, mais accompagner, soutenir et aider à rétablir l’ordre démocratique dans la mesure où une opinion publique ouest-africaine perçoit l’action militaire des putschistes comme la traduction de la volonté du peuple à se libérer de la gestion souvent pas conforme aux aspirations légitimes des populations.
La Cédéao des peuples
D’où la nécessité, l’impératif pour la Cédéao d’être plus attentive aux aspirations des citoyens qui sont pour une Cédéao des peuples et non un regroupement de chefs d’État. La Cédéao doit donc être réformée, sans aucun doute.
C’est ce que dit aussi l’éditorialiste sénégalais Hamidou Sagna qui estime que la survie de l’organisation régionale ne sera possible qu’à certaines conditions. Il explique que « si on met en avant d’abord le concept de démocratie et ensuite le concept d’économie, si on parvient à réaliser ce lien cohérent, alors, il est possible d’envisager une Cédéao réformée et solide au service des États et des populations. »
«La Cédéao n’aura d’avenir que si ses pays membres réfléchissent à l’esprit du panafricanisme et s’unissent », estime pour sa part Carlos Pereira, analyste politique et activiste en Guinée-Bissau. Celui-ci insiste sur le fait que « la coopération et l’intégration sont plus que jamais importantes dans la région.
A.K. Coulibaly