Togo : la tension politique monte après l’adoption de la nouvelle Constitution

L’opposition togolaise a lancé un appel à la mobilisation mercredi pour empêcher le président Faure Gnassingbé de promulguer la nouvelle Constitution qui prolongerait potentiellement son mandat jusqu’en 2031, éliminant ainsi les futures élections présidentielles.

La constitution, adoptée par le Parlement en début de semaine, attend désormais l’approbation finale du président Gnassingbé.

Ce texte accorde au Parlement le pouvoir de choisir le président, supprimant ainsi le suffrage universel direct et ouvrant la voie à une possible réélection de Gnassingbé à l’issue de son mandat en 2025.

Certains experts juridiques soutiennent que la Constitution limite effectivement les pouvoirs des futurs présidents en instaurant une limite d’un mandat et en renforçant le rôle d’un personnage similaire à un premier ministre. Cependant, l’opposition craint que cette nouvelle fonction ne serve de nouvelle voie pour Gnassingbé pour étendre son emprise sur le pouvoir.

En plus d’augmenter la durée des mandats présidentiels de cinq à six ans, la nouvelle constitution ne prend pas en compte les presque 20 ans de pouvoir déjà exercés par Gnassingbé, succédant à son père.

L’opposition et le clergé dénoncent cette initiative comme une tentative de prolonger le règne de Gnassingbé. Certains ont promis de tout faire pour empêcher la signature de ce qu’ils qualifient de « coup d’État constitutionnel », appelant la population à descendre dans les rues.

Malgré cet appel, la police a interrompu mercredi une conférence de presse organisée par l’opposition, expulsant les dirigeants et les journalistes.

Les évêques catholiques du Togo ont également exprimé leur préoccupation, soulignant que le mandat du Parlement avait expiré en décembre avant les élections législatives du 20 avril et que les législateurs n’avaient pas le droit d’adopter une nouvelle constitution.

Ils ont exhorté Gnassingbé à retarder la signature de la nouvelle constitution et à engager un dialogue politique inclusif après les élections du mois prochain.

Selon Zeus Ajavon, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Lomé, l’Assemblée n’a pas le pouvoir de réviser la constitution, et un référendum serait nécessaire pour l’adoption d’un nouveau texte.

Le Togo, avec environ 8 millions d’habitants, est gouverné par la même famille depuis 57 ans, d’abord par Eyadema Gnassingbé, puis par son fils Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après des élections contestées par l’opposition.

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