Alors que les uns se frottent les mains, les autres ruminent encore leur défaite. Après l’élection présidentielle qui vient de se clôturer dans un climat de calme et de sérénité, au Sénégal, l’heure est au bilan.
Comme à l’issue de chaque compétition, il y a des gagnants et des perdants.
Amadou Ba et la déception du pouvoir
En tête des grands perdants figure Amadou Ba, le candidat de la majorité sortante, lancé tard dans la bataille, espérait au moins décrocher un second tour. Sa défaite dès le premier tour constitue un sérieux revers pour l’ancien Premier ministre de Macky Sall. Il est resté néanmoins moins belliqueux et stoïque en reconnaissant sa défaite.
Macky Sall, un autre perdant
Le président Macky Sall a tenté le tout pour le tout pour prolonger autant que possible la date du scrutin présidentiel – sans y parvenir. Son entêtement a non seulement brusquement interrompu le processus électoral mais sa décision a surtout plongé le pays dans une crise inédite. Désavoué par le Conseil constitutionnel et les forces vives du pays, Macky Sall a finir à jeter son dévolu sur Amadou Ba dont il a pourtant contribué à affaiblir sérieusement. Résultat : les Sénégalais ont sanctionné le pouvoir sortant en choisissant – presque les yeux fermés – le candidat de l’opposition.
Khalifa Sall : un outsider qui a désenchanté
Il espérait jouer le rôle du meilleur troisième après son exclusion en 2019. Mais Khalfa Sall, du Taxawu, a été littéralement désavoué par les électeurs, ne lui donnant aucune chance d’arbiter entre Diomaye Faye et Amadou Ba.
Bref, malgré son statut d’outsider et de faiseur de roi annoncé, Khalifa Sall est passé à côté d’un scrutin pourtant très ouvert. Ses relations tendues avec les nouveaux dirigeants ne devraient pas non plus arranger l’ex-maire de Dakar.
Idrissa Seck : la facture de l’inconstance
Il était le plus expérimenté de tous les candidats. Pour sa quatrième participation à une élection présidentielle, Idrissa Seck a payé cash le prix de son inconstance politique qui est lourdement sanctionnée.
On retient de lui, son manque de clarté et d’engagement envers une nouvelle éthique politique qui se traduit par un recul significatif de son score électoral. L’ex Premier ministre est passé de 26% en 2019 à 1% en 2024. Défaite cuisante – sans aucun doute.
Bougane Guèye Dany : entre prétention et déception
Bougane Guèye Dany, convaincu de son aura politique, s’attendait à jouer un rôle décisif. Mais son attitude prétentieuse et son manque de stratégie politique le laissant sur le carreau, incapable de peser sur le scrutin.
Le PUR et la déconvenue politique
Enfin, le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), représenté par Aliou Mamadou Dia, s’est défiguré après avoir enregistré un score honorable en 2019. Et malgré son bon profil, le recul du parti lors de l’élection présidentielle soulève des interrogations dans le marigot politique sénégalais.
En résumé, le scrutin présidentiel du 24 mars 2024 a révélé un tableau illisible entre perdants tout en mettant en lumière les défis et les enjeux majeurs qui se posent à la conduite de la politique sénégalaise contemporaine.
Elhadji Alioune Badara BA