Guinée : colère du ministre des Mines face à des accusations de corruption

Le ministre guinéen des Mines et de la Géologie, en fonction depuis presque trois ans, est impliqué dans deux importantes affaires de corruption. La plus récente le relie à une promesse de deux millions de dollars américains par la société de ciment CIMAF, en contrepartie de l’obtention d’une licence d’exploitation d’une carrière de schiste. Un document daté du 9 mai 2023, rédigé par son conseiller fiscal et adressé à CIMAF, exprime le regret que les accords conclus n’aient pas été respectés.

Lorsque notre équipe de rédaction a contacté le ministre pour aborder cette question, il a vivement réagi et a abruptement interrompu la conversation dès que le sujet a été mentionné.

Dans un courrier, il déplore : «Je note avec regret que votre lettre ne mentionne pas l’engagement pris par votre précédent directeur général concernant un don de deux millions de dollars américains (2.000.000 USD). Afin de faciliter une décision favorable de la part de notre administration, je vous invite à formuler officiellement auprès du ministère des Mines et de la Géologie votre engagement à honorer cette promesse.»

Lorsque nous avons tenté de dialoguer sur le contenu de cette lettre la semaine dernière, la seule réponse obtenue fut : «Je n’ai rien à vous dire. Ne me dérangez plus pour ça », une réplique donnée sur un ton ferme, suivie de son refus de répondre à d’autres tentatives de communication.

La condition posée par le ministre des Mines et de la Géologie pour l’octroi d’une licence d’exploitation à CIMAF, en échange d’un pot-de-vin, constitue une violation claire du Code minier guinéen. L’article 154 spécifie qu’il est interdit à toute entité ou individu du secteur minier de proposer des avantages à un fonctionnaire ou officiel du gouvernement guinéen pour influencer une décision administrative, sous peine de poursuite judiciaire.

Malgré la gravité des accusations portées contre Moussa Magoussaba, aucune mesure judiciaire n’a été prise à son encontre. Le gouvernement, y compris le chef de la transition, reste silencieux sur cette affaire, alimentant les spéculations sur un possible agissement du ministre au nom de l’État. De plus, le ministre a suggéré dans sa correspondance avec CIMAF que le don de deux millions était destiné à l’État guinéen.

Moussa Magoussaba semble jouir d’une certaine immunité au sein du gouvernement guinéen actuel. Un an après l’éclatement de l’affaire avec CIMAF, aucune enquête ni poursuite n’a été initiée. Il reste en poste, donnant l’impression que ses actes sont désormais passés sous silence.

 

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