Actu de la semaine : de Kinshasa à Munich en passant par Bamako, Ouagadougou et Niamey

(FILES) In this file photo taken on February 18, 2020 An Armed Forces of the Democratic Republic of Congo (FARDC) soldier takes part in a foot patrol in the village of Manzalaho near Beni, 2020, following an attack allegedly perpetrated by members of the rebel group Allied Democratic Forces (ADF). - Thirteen civilians were killed in the evening of May 25, 2021 in an attack attributed to the armed group Allied Democratic Forces (ADF) in the Beni region of eastern Democratic Republic of Congo, sources said. The attack took place at around 19:00 (18:00 GMT) in the village of Kisima-Vutotolia, 30 km from the town of Beni, on the road leading to the Ugandan border. (Photo by Alexis Huguet / AFP)

On commence, cette revue de l’actualité de la semaine, sur la pression sécuritaire dans l’Est de la RDC avec des affrontements armés entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23 autour de Sake.

Cette ville stratégique, située à une vingtaine de kilomètres de Goma est considérée comme le dernier verrou sur la route qui mène à la capitale provinciale du Nord-Kivu. Mardi (13.02.24), de violents combats ont opposé les rebelles du M23 aux forces armées gouvernementales aidées par des groupes armés, les Wazalendo.

Cette escalade de la violence dans l’est de la RDC provoque non seulement la fuite des populations mais elle aggrave la crise humanitaire qui frappe déjà les territoires touchés par le conflit armé.

Même si le gouvernement congolais, dont le ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, s’est rendu à Goma, assure que toutes les dispositions sont prises pour éviter une catastrophe humanitaire.

Mardi (13.02.24), le centre-ville de Saké était toujours contrôlé par l’armée congolaise malgré une offensive lancée par le M23, il y a environ une semaine.

Lundi (12.02.24), une bombe est tombée dans un camp de déplacés à Saké, tuant au moins trois personnes et blessant une dizaine d’autres. Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont condamné l’offensive du M23 et répété leur condamnation de tous les groupes armés opérant dans le pays. Ils ont appelé « tous les acteurs à reprendre le dialogue pour parvenir à un cessez-le-feu ».

L’ONU révèle de nouveaux moyens militaires utilisés par les rebelles 

Et selon ce document interne de l’ONU, un missile sol-air, présumé des Forces de défense rwandaises, a visé, il y a une semaine, un drone d’observation de l’ONU sans l’atteindre.

Le missile aurait été tiré depuis un véhicule blindé dans une zone contrôlée par le M23, selon ce document dont la presse a eu écho.

Les auteurs dudit rapport indiquent que deux photographies aériennes montrent un véhicule blindé déployé sur son toit, un système de radar et de lance-missiles. Ces photos prises à environ 70 km au nord de Goma par le drone visé par le missile, ont été confirmées par des renseignements militaires qui ont par la suite indiqué que le véhicule blindé est rwandais.

Et ces nouveaux moyens anti-aériens utilisés par le M23 constituent une menace à haut risque pour tous les aéronefs du gouvernement de la RDC et de la Monusco dans la région.

La RDC accuse le Rwanda et ses « supplétifs » du M23, de vouloir faire main basse sur les minerais de l’Est congolais.

Depuis la semaine dernière, des manifestations ont eu lieu contre la Monusco et des ambassades occidentales, à Kinshasa et Lubumbashi, accusées d’un supposé soutien au Rwanda. Le gouvernement a dû renforcer les mesures de sécurité devant les ambassades et installations de l’ONU, après une « réunion urgente de sécurité » organisée dimanche autour du ministre de l’Intérieur.

Une monnaie commune entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso ?

C’est un sujet qui revient souvent depuis que ces trois pays ont annoncé leur retrait de la Cédéao.

Alors même si Bamako, Niamey et Ouagadougou n’ont pas officiellement annoncé cette possibilité, les dirigeants de ces trois pays de l’Alliance des États du Sahel n’hésitent plus à en faire un objectif affiché.

Après le capitaine burkinabè Ibrahim Traoré qui n’avait pas exclu cette possibilité lors d’un entretien télévisé, dimanche soir dans une interview télévisée, le général Abdourahmane Tiani, chef du régime militaire au Niger, a remis cette ambition sur la table.

Il a estimé « que la création d’une telle monnaie constituait une étape nécessaire pour que le Niger, le Mali et le Burkina Faso sortent de la colonisation et recouvrent leur souveraineté.»

Que sait-on sur cette probable nouvelle monnaie ?

Très peu de chose, pour l’instant, même si certaines personnalités proches des trois régimes militaires évoquent le Sahel, comme probable nom de la future monnaie. L’on a aussi pu voir sur les réseaux sociaux, quelques modèles des futurs billets banque qui ont été proposés avec des effigies du colonel Assimi Goita, du capitaine Ibrahim Traoré et du général Abdourahmane Tiani.

Mais le processus de lancement de cette monnaie pourrait être très long car pour lancer leur monnaie commune, les pays de l’AES devront d’abord quitter l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA ), dont les huit pays membres ont pour monnaie commune le franc CFA.

Les deux traités lient actuellement le fonctionnement de cet espace économique. Il y a d’abord, le traité de l’Union monétaire ouest-africaine et le traité modifié de l’UEMOA, qui le complète.

Pour résumer, les trois pays ne peuvent quitter le franc CFA sans quitter l’Union monétaire ouest-africaine. Plusieurs experts voient mal la conférence des chefs d’État de l’UEMOA accepter de laisser trois pays « rebelles » s’affranchir de certaines règles – monétaires – et continuer de bénéficier d’autres avantages, douaniers notamment.

L’AES va-t-elle perdre des avantages qu’offre l’UEMOA?

Ces trois pays comptent actuellement sur l’UEMOA pour limiter les conséquences économiques et humaines de la sortie de la Cédéao.

Mais ce sera certainement le prix à payer pour s’affranchir d’une monnaie que les dirigeants de l’AES considèrent comme une tutelle.

En revanche, la création d’une monnaie implique de posséder d’importantes réserves de change, afin d’assurer à la nouvelle devise une certaine stabilité. Est-ce que le Mali, le Niger et le Burkina disposent de réserves de change qui leur permettent d’un tel rôle de garantie ?

En tout cas les pays de l’AES devront aussi se doter d’infrastructures pour battre monnaie et investir pour adapter leurs systèmes de paiement, créer un fonds de stabilisation et une banque d’investissement.

Bref, la balance entre les avantages et les risques pour les trois pays concernés posant encore d’autres questions en termes de stabilité à long terme de la future devise. Et ce sont les populations qui bénéficieront ou non des avantages et conséquences de cette décision.

La Russie et l’Ukraine au centre de la Conférence sur la sécurité 

Parce que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est jugée comme la plus grande menace pour la sécurité – surtout en Europe, selon le rapport de la Conférence sur la sécurité de Munich.

Le danger que représente la Russie est toujours considéré comme plus élevé qu’avant le début de la grande invasion de Moscou il y a deux ans.

Mais les conséquences des « migrations dues à la guerre et au changement climatique » sont désormais considérées comme encore plus importantes que le regard porté sur une Russie agressive.

L’influence militaire croissante de la Russie dans la région du Sahel joue également un rôle dans l’analyse, tandis que l’influence de la France, ancienne puissance coloniale, y diminue au milieu de troubles politiques. La Russie tente en revanche de découpler « les pays du Sahel de l’Europe et des Etats-Unis ».

Là encore, les auteurs du rapport sur la sécurité de cette année voient surtout des perdants : « Les habitants de la région perdent toute chance de paix et de progrès démocratique, car chaque coup d’État depuis 2020 a engendré davantage de violence ».

Dans les pays du G7 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Canada et États-Unis), « une grande partie de la population pense que son pays sera moins sûr et moins prospère dans dix ans », selon un sondage réalisé par la Conférence sur la sécurité.

A ceci vient s’ajouter la sortie médiatique de l’ancien président Donald Trump qui a choqué en Europe. Celui-ci a déclaré que s’il revenait à la Maison Blanche, de ne pas venir au secours des pays de l’Otan face à la Russie, si ceux-ci ne s’acquittaient pas d’une contribution financière suffisante.

Des propos qualifiés par le président Joe Biden d’ « affligeants et dangereux ». En Europe, Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a estimé pour sa part que « l’Otan ne peut être une alliance à la carte ».

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