Guinée : conflit ouvert entre le Premier ministre et le ministre de la Justice

Plus rien ne va entre le Premier ministre guinéen et son ministre de la Justice. Bernard Gomou donne un ordre à Alphonse Charles Wright, mais celui-ci le refuse ouvertement. La consigne était que les poursuites judiciaires engagées contre les chefs de division des affaires financières (DAF) et les maires soient suspendues.

La discorde entre les deux hommes s’est révélée au public à travers un courrier qui a fuité dans les médias. Dans le document, le chef du gouvernement note : « C’est avec une grande surprise que j’apprends sur les médias les injonctions que vous faites aux procureurs pour l’ouverture d’enquêtes, d’une part, sur la gestion de tous les chefs de division des Affaires financières de l’administration centrale et les directeurs généraux des EPA et d’autre part, sur la gestion financière des collectivités locales ».

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Rappelant que de telles poursuites doivent être décidées en conseil des ministres, il ajoute : « Je vous demande de suspendre toutes les procédures engagées dans cette affaire ». Mais la réponse de Charles Wright a résonné comme un coup de poignard en plein dos. Pour lui, ce qu’a dit Bernard Gomou montre que ce dernier ne sait pas grand-chose du fonctionnement de l’appareil judiciaire.

« En lieu et place des remarques et instructions que vous me faites, je m’attendais à une invitation de votre part en qualité de chef du gouvernement à l’effet de vous éclairer sur les principes gouvernant les institutions judiciaires… », lit-on dans un passage du courrier-réponse volumineux de Charles Wright. Plus loin, il martèle qu’il est au « regret de rappeler que l’action publique ne peut être ni interrompue ni suspendue ou éteinte par l’instruction du pouvoir exécutif..».
Ce qui sous-entend clairement qu’il ne compte pas reculer. Il va même jusqu’à mettre en grade le Premier ministre, précisant que: « toute insistance dans ce sens serait une entrave à la justice, constitutive d’infraction à la loi pénale, avant d’être une atteinte grave au principe de séparation des pouvoirs ».

Alphonse Charles Wright est surnommé par la presse guinéenne l’empereur des poursuites. Depuis qu’il est ministre de la Justice, il a émis plusieurs injonctions aux fins des poursuites. Seulement, la plupart d’entre elles sont restées sans suite. D’ailleurs, c’est l’un des arguments avancés par le Premier ministre pour demander la suspension de celles récemment engagées, ajoutant qu’elles sont complexes et coûteuses.

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