L’Ethiopie fait face à une menace de famine imminente dans la région du Tigré, mettant en danger des millions de vies. Malgré la reprise des livraisons de céréales par les organisations humanitaires, seulement 14 % des 3,2 millions de personnes ciblées ont reçu une aide alimentaire en janvier.
La situation est exacerbée par la suspension de l’aide humanitaire au Tigré en mars de l’année dernière, une mesure prise par les Nations unies et les États-Unis après la découverte d’un projet « à grande échelle » de vol de céréales destinées à l’aide humanitaire. Cette suspension a été étendue à l’ensemble de l’Éthiopie en juin, touchant environ 20,1 millions d’Éthiopiens confrontés à la sécheresse, aux conflits et à une économie paralysée.
La région du Tigré, au centre d’une guerre civile de deux ans ayant causé des centaines de milliers de morts, voit son agriculture fortement entravée par une insécurité persistante. Seulement, 49 % des terres agricoles ont été exploitées pendant la saison de plantation principale de l’année dernière, entraînant une production agricole ne représentant que 37 % de l’estimation totale en raison de la sécheresse.
Face à la gravité de la situation, les autorités du Tigré annoncent l’avènement probable d’une « famine en cours » qui pourrait rivaliser avec la crise alimentaire de 1984 à 1985 en Éthiopie. Une catastrophe qui avait entraîné la mort de centaines de milliers de personnes dans le nord du pays.
Cependant, le gouvernement fédéral éthiopien semble minimiser la crise alimentaire, allant jusqu’à nier son ampleur. Le porte-parole a accusé le chef du Tigré, Getachew Reda, de « politiser la crise », jetant ainsi une ombre sur la coordination nécessaire pour atténuer l’impact dévastateur de cette crise humanitaire en gestation.