Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud, a annoncé la suspension de l’ex-président du pays Jacob. Ce dernier avait indiqué le mois dernier vouloir faire campagne pour un autre mouvement en vue des prochaines élections.
La décision, largement attendue, est un nouveau signe révélateur des divisions au sein du mouvement à l’approche des élections générales prévues cette année, mais dont la date définitive n’a pas encore été annoncée. Elles doivent se tenir entre mai et août.
Éclaboussé par des scandales de corruption dans un contexte socio-économique morose, l’ANC, longtemps en position de force, pourrait y perdre sa majorité parlementaire pour la première fois de son histoire, selon les enquêtes d’opinion.
Accusations de corruption
Le sulfureux et charismatique Jacob Zuma fut le quatrième président de l’Afrique du Sud démocratique, de 2009 à 2018, mais il avait dû quitter le pouvoir à cause d’affaires de corruption et s’est brouillé avec le parti qu’il a un jour dirigé.
En décembre, M. Zuma, âgé de 81 ans, avait déclaré qu’il ferait campagne pour un nouveau petit parti radical, Umkhonto We Sizwe (MK, ou « Fer de lance de la nation »), baptisé du nom de la branche militaire de l’ANC pendant la période de l’apartheid.
Mais l’ex-président n’avait pas quitté l’ANC dont il a longtemps été un pilier, faisant croire à certains experts qu’il espérait en être expulsé afin de rassembler plus de partisans.
Près d’un Sud-Africain sur trois a déclaré dans un sondage publié la semaine dernière avoir une opinion positive de Jacob Zuma.
Le think tank sud-africain Social research foundation (SRF), auteur du sondage réalisé en octobre, a toutefois souligné qu’une opinion favorable ne se traduit pas automatiquement par un soutien dans les urnes : « Le nouveau projet politique de M. Zuma pourrait, au mieux, réduire de quelques points la base de soutien de l’ANC ».
Fikile Mbalula, le secrétaire général de l’ANC, a déclaré qu’en plus de suspendre M. Zuma, l’ANC allait porter plainte devant la cour électorale afin que son nouveau parti soit désinscrit, et lancer une procédure pour récupérer son nom.
Pour sa part, le président Cyril Ramaphosa a expliqué à la chaîne publique SABC, « q’une fois que vous vous définissez comme allié d’un autre parti, vous remettez en question votre statut de membre et c’est pour cela que le comité exécutif national (de l’ANC) a pris la décision qu’il a prise. »
Après avoir été chassé du pouvoir en 2018, Jacob Zuma avait été remplacé par son vice-président de l’époque, Cyril Ramaphosa. Les relations entre les deux hommes sont tendues depuis. Le mois dernier, M. Zuma avait qualifié le gouvernement de M. Ramaphosa de « vendus » et de « collaborateurs de l’apartheid ».
Encore poursuivi dans plusieurs affaires de corruption, Jacob Zuma, condamné en 2021 à 15 mois de prison pour outrage à la justice, ne peut théoriquement pas briguer de nouveaux mandats, en ayant déjà exercé deux en tant que président.