En Guinée, on ne parle presque plus de l’explosion du 18 décembre 2023 qui a détruit le dépôt d’hydrocarbures du pays, ni de la crise de carburant qui avait suivi, encore moins des milliers de dons de nourriture et de matériels qui avaient été faits pour les victimes. Bref, la tragédie semble déjà être du passé pour les Guinéens après seulement un mois et huit jours. Mais que sont devenus les dons ? Une question à laquelle notre rédaction s’est intéressée.
Les victimes du drame du 18 décembre 2023 sont nombreuses. C’est à tel point qu’il est impossible de donner le nombre exact. Le gouvernement l’a même reconnu dans ses communications sur la tragédie. Les chiffres qu’il a fournis en termes de blessés et de morts concernent les cas dont les services publics de santé ont pu avoir connaissance. C’est-à-dire les dépôts de corps et les admissions dans les différentes structures de soins qui sont principalement Donka et Ignace-Deen.
Les autorités avaient promis de faire une communication explicative sur la répartition des dons. Mais ce n’est pas encore fait. L’esplanade du stade du 28 septembre servait de lieu de collecte et d’enregistrement de tout ce qui était offert pour les victimes. D’énormes quantités de nourriture et de matériels y ont été acheminées pendant plusieurs jours. Actuellement, leur répartition est censée être déjà terminée. Sauf que certaines victimes disent avoir été oubliées. C’est le cas d’un individu qu’on a rencontré ce vendredi à Sonfonia, un vaste quartier de Conakry récemment érigé en commune urbaine.
D’après lui, il n’est plus à Kaloum depuis le drame du 18 décembre à cause de la proximité de sa concession familiale avec le site qui a explosé. Il n’a pas accepté d’exprimer sa déception à visage découvert par rapport à la répartition des dons faits pour les victimes. Une décision qu’il dit avoir prise par précaution pour sa propre sécurité. Mais hors micro, il a tapé fort sur les autorités.
« On est victime, mais on n’a rien eu. Le gouvernement a fait de la tragédie un business. Juste pour se faire une belle image au public. C’est lui qui sait à qui il a distribué les dons. En tout cas, nous, on n’a rien eu. Ces gens (gouvernement) sont de simples business men. On n’est pas actuellement chez nous à Kaloum, des impacts de l’explosion du dépôt de carburant sont toujours visibles sur notre maison. Des fenêtres et des portes cassées, mais on n’a rien eu des dons », révèle l’interlocuteur.
La promesse des autorités de la transition d’expliquer au public comment la répartition des dons aux victimes de la tragédie à Kaloum a été faite traîne encore. Plus d’un mois déjà depuis qu’elle a été annoncée, mais elle n’a toujours pas été effective. Ce qui donne plus de force à l’hypothèse selon laquelle certains desdits dons auraient été détournés de leur objectif initial.