Apparemment, l’homme fort de la Guinée est devenu très ami avec celui qui dirige le Rwanda depuis 24 ans. En avril 2023, il l’a reçu à Conakry pour une visite dite de travail et d’amitié. Visite au cours de laquelle l’hôte a été agréablement honoré.
Son arrivée à Conakry a coïncidé avec un évènement qui était programmé pour le lendemain dans un quartier en haute banlieue. Il s’agissait de l’inauguration du pont de Kagbelen, une des importantes réalisations du Président déchu, achevée sous le CNRD. Le 18 avril 2023, soit le jour correspondant au rendez-vous, les deux hommes ont inauguré ledit pont baptisé Paul Kagamé.
Avant que l’hôte ne quitte Conakry, le désormais général Mamadi Doumbouya avait promis de se rendre à son tour à Kigali pour une visite de travail et d’amitié. Un engagement tenu neuf mois après. Le tombeur d’Alpha Condé est attendu ce jeudi dans la capitale rwandaise.
Que cherche Doumbouya auprès de Kagamé ? Officiellement, la réponse est connue depuis même le séjour du chef de l’État rwandais à Conakry. Aux yeux du régime du général Mamadi, le Rwanda « est un modèle » de développement. Donc s’en servir pour la Guinée qu’il dirige depuis le 5 septembre 2021 semble être son souhait. Il estime que pour y arriver, il faut être au Rwanda pour voir ce qui a fait de ce pays de l’Afrique orientale ce qu’il est aujourd’hui. Mais son amitié avec Paul Kagamé est très critiquée en Guinée. Au premier rang de ceux qui y voient une volonté cachée, des ténors de l’opposition et quelques acteurs de la société civile. Conscients de la situation politique du Rwanda et surtout du mépris de Kagame face à toute alternance, ils craignent que son rapprochement avec le général Mamadi Doumbouya pousse ce dernier à agir comme lui. C’est-à-dire à tenter de rester au pouvoir aussi longtemps qu’il le voudra.
Être ami avec Paul Kagame est-il synonyme de contamination par le règne à vie ? Pour de nombreux guinéens, c’est « oui ». Ils ont encore en mémoire ce que faisait Alpha Condé quand celui-ci a voulu s’octroyer un troisième mandat. Ses amis étaient devenus beaucoup plus des dirigeants au pouvoir depuis plus d’une ou de deux décennies. D’ailleurs, à chaque fois qu’il était interpellé par la presse sur sa volonté de faire modifier la constitution, il répliquait avec colère en posant des questions telles que : pourquoi on ne parle pas d’alternance en Grande-Bretagne ? Pourquoi on ne parle pas d’alternance dans les pays de l’Est de l’Afrique ?
On n’en est pas encore là avec le général Mamadi Doumbouya. Il a déjà ouvertement promis des élections générales sans sa participation comme candidat, ni celle des membres du CNRD et du gouvernement. Seulement, le processus devant aboutir à ces scrutins tant sollicités par la classe politique semble au point mort. Pourtant, le délai convenu avec la CEDEAO pour la durée de la transition en Guinée arrive à terme en janvier 2025.