À Freetown, il existe des citoyens qui n’aiment pas être appelés par leur origine. Pour eux, le pays par naissance pèse sur celui par descendance. Ils savent qu’ils sont d’ailleurs, mais le leur rappeler les met en colère et les amène parfois à le prendre mal. Une attitude dans laquelle des Guinéens sont fréquents. C’est ce qu’a constaté notre Rédaction dans différents quartiers de la ville montagneuse.
La Sierra Leone est l’un des pays où il y a plus de Guinéens. Certains y sont nés et n’ont jamais été en Guinée. Ils sont justement ceux qui s’enflamment quand on les appelle par leur pays d’origine. Ils se considèrent tellement sierra leoanais qu’il y en a parmi eux qui n’ont pas la maîtrise de leurs langues maternelles.
Notre constat sur cette réalité nous a conduits à Waterloo, Lomly et Calbatown, trois quartiers en banlieue de Freetown très habités par des Guinéens. Ceux d’entre eux que nous avons rencontrés dans ces différents lieux ne veulent pas être appelés par leur descendance, surtout en public.
« Je ne vais pas naître dans un pays et me faire étranger dans ce pays. Moi, je ne me considère pas guineen. Je suis plutôt de Sierra Leone », a martelé Musa Kamara (Moussa Camara en français), originaire de Boké, une des régions de Guinée.
Amadou Jalloh (Amadou Diallo en français) est aussi guinéen. Mais il ne veut pas non plus être vu comme tel. Pour lui, il est et reste sierra leonais.
« Mes parents m’ont dit qu’on de Dalaba (nom d’une préfecture en Guinée), mais je n’ai jamais été en Guinée. Je n’ai rien d’un caractère guinéen. Je suis né ici. Me considérer d’un autre pays serait de me faire étranger moi-même dans mon pays qui est la Sierra Leone », a-t-il estimé.
Les Guinéens semblent très influents en Sierra Leone. Cela se constate par leur présence dans les grandes instances de prise de décisions du pays. L’exemple le plus frappant est le poste de vice-président de la République. C’est un originaire de la Guinée, Juldeh Jalloh (Diouldé Diallo en français), qui l’occupe depuis l’avènement au pouvoir du président Julius Maada Bio en 2018.