L’Afrique face aux grands foyers de crise internationaux en 2023

Après l’attaque de l’Ukraine par la Russie, l’Afrique s’est efforcée de jouer les médiateurs de paix. Mais dans la guerre au Proche-Orient, les pays du continent prennent parti avec l’Afrique du Sud en tête, qui a une position jugée pro-palestinienne.

Le conflit au Proche-Orient divise davantage les pays africains que leur position sur la guerre de la Russie en Ukraine. Dans ce conflit, l’Afrique a tenté d’agir en tant que bloc, malgré quelques positions diverses. Ceci n’est  pas le cas dans le conflit au Proche-Orient.

En effet, le soutien des États africains au retrait des troupes russes de l’Ukraine a été relativement faible lors du premier vote à l’Assemblée générale de l’ONU le 2 mars 2022.  Seuls 28 des 54 États de l’Union africaine ont voté en faveur de la résolution. De nombreux pays du continent sont, donc, restés neutres : 17 se sont abstenus et 8 n’ont pas participé au vote.  Seule l’Érythrée a voté contre la résolution.

L’Union africaine demande un cessez-le-feu à Gaza

Ce positionnement des États d’Afrique contraste ainsi avec la question israélo-gazaouie, dans laquelle de nombreux pays africains ont demandé avec insistance un cessez-le-feu à Gaza, et ce de manière assez conséquente – l’Union africaine (UA) s’est très tôt rangée du côté des Palestiniens.

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahat, a appelé les deux parties à cesser toutes les hostilités en déclarant que « la négation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment le droit à un État indépendant et souverain, est la cause principale des tensions israélo-palestiniennes constantes. »

Cette déclaration a été publiée le jour même de l’attaque contre Israël le 7 octobre, au cours de laquelle le groupe militant islamiste palestinien Hamas a tué plus de 1200 personnes et pris environ 240 otages.

Le Hamas est considéré principalement par les pays occidentaux comme une organisation terroriste, mais aussi par certains pays arabes.

Seuls quelques États africains ont une position pro-israélienne

En revanche, tous les États du continent ne partagent pas cette position de l’UA. Certains pays comme le Kenya, le Ghana, la Zambie et la République démocratique du Congo se sont solidarisés avec Israël et ont expressément condamné le Hamas.

Au Kenya, le président William Ruto s’est fermement prononcé contre le terrorisme et les attaques contre des civils innocents ; mais l’opposition a critiqué cette position officielle et a demandé la rupture des relations avec Israël. D’autres pays, l’Afrique du Sud en tête, ont par contre, adopté une position qui pourrait être comprise comme pro-palestinienne.

Prétoria n’a pas ouvertement condamné le Hamas pour ses prises d’otages et ses assassinats d’Israéliens et d’étrangers. Au lieu de cela, le gouvernement a, dans une certaine mesure, blâmé Israël pour l’escalade du conflit.

L’Afrique du Sud critique la double morale de l’Occident

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Les députés sud-africains ont voté en novembre au Parlement pour la rupture de toutes les relations diplomatiques avec Tel Aviv, mais cette décision n’est pas contraignante pour le gouvernement sud-africain qui a, lui-même, demandé à la Cour pénale internationale de La Haye d’enquêter pour déterminer si Israël a commis des crimes de guerre dans la bande de Gaza.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a aussi déclaré que l’action d’Israël, qui consiste à attaquer et à boucler la bande de Gaza, s’apparente à un génocide.

Ces réactions sont liées à l’histoire de l’Afrique du Sud qui a souffert de l’apartheid. Le pays fait référence à des similitudes entre l’apartheid et ce qui se passe à Gaza.

La ministre des Affaires étrangères Naledi Pandor a déclaré à plusieurs reprises que l’Afrique du Sud ne se laisserait pas entraîner d’un côté ou de l’autre. Elle a critiqué l’Occident pour sa condamnation sélective de la Russie, alors que l’occupation israélienne des territoires palestiniens est ignorée.

L’Afrique a toujours été solidaire des Palestiniens à cause de l’histoire coloniale et des attitudes anti-occidentales qui ont joué un grand rôle. C’est pourquoi de nombreux pays africains soutiennent un État palestinien qui pourrait exister à côté d’Israël.

Les États africains préservent leurs intérêts

Les pays qui s’allient à Israël agissent pour d’autres intérêts spécifiques. Il s’agit du soutien militaire et économique qu’ils reçoivent d’Israël et de ses alliés.

« Ils ne veulent pas prendre une position qui va à l’encontre des intérêts d’Israël, car cela pourrait également aller à l’encontre des intérêts des États-Unis ou de l’Occident », expliquent de nombreux experts.

La Russie ne dispose pas en Afrique d’une présence comparable à celle des pays européens les plus puissants et des États-Unis, mais elle reste un partenaire apprécié dans de nombreux pays africains.

Mais au cours de l’année 2023, les pays africains ont de plus en plus décidé qu’ils ne voulaient pas être catalogués dans leur réaction aux crises mondiales.

En d’autres termes, ils suivent de plus en plus souvent leurs propres intérêts en matière de politique étrangère plutôt que des principes ou des idéologies supérieurs.

Dans le conflit russo-ukrainien, par exemple, l’Afrique a résisté à la pression diplomatique. Il y a eu des visites de hauts représentants de la Russie et de l’Occident sur le continent mais les États africains auraient insisté sur leur position largement impartiale et misé sur la médiation de paix.

L’UA, y compris l’Afrique du Sud, a envoyé des délégations en Russie et en Ukraine après le début de la guerre afin de proposer des moyens de résoudre le conflit.

Bref, l’Afrique tente de jouer un rôle plus actif dans la diplomatie mondiale tout en renforçant l’importance économique d’acteurs comme la Chine, qui offrent aux pays africains des alternatives en matière d’aide et d’investissement.

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